Élections législatives irakiennes 2025 : La coalition d’Al-Sudani remporte la victoire
Bagdad – 28 novembre 2025
La coalition Reconstruction et Développement du Premier ministre Mohammed Shia al-Sudani a remporté les élections législatives avec 1,3 million de voix, selon la Commission électorale indépendante. Ces élections marquent un tournant important pour l’Irak dans sa quête de stabilité politique.
Une victoire sans majorité absolue
Al-Sudani a obtenu environ 370 000 voix de plus que son concurrent le plus proche, confirmant sa position de leader politique majeur. Cependant, aucun parti n’a obtenu de victoire décisive, et la coalition d’Al-Sudani a remporté 45 sièges, loin des 165 nécessaires pour détenir la majorité au parlement de 329 sièges.
Cette situation nécessitera la formation d’un gouvernement de coalition, un processus complexe qui pourrait prendre plusieurs mois de négociations entre les différentes forces politiques irakiennes.
Un taux de participation encourageant
Le scrutin a enregistré un taux de participation de 56%, nettement supérieur aux deux élections précédentes. Ce chiffre témoigne d’un regain d’intérêt des citoyens irakiens pour le processus démocratique, malgré les désillusions passées.
La participation a été particulièrement élevée dans les provinces kurdes et sunnites, avec la province de Duhok atteignant un taux record de 76%. Cependant, certaines régions comme Bagdad et Najaf ont connu une participation plus faible, notamment suite à l’appel au boycott lancé par le leader chiite Muqtada al-Sadr.
Un contexte électoral complexe
Ces élections se sont déroulées dans un moment rare de calme pour l’Irak, alors que la région traverse des conflits récents. Le scrutin représentait la sixième élection organisée depuis l’invasion menée par les États-Unis en 2003 qui a renversé Saddam Hussein.
Al-Sudani, arrivé au pouvoir en 2022, s’était présenté comme un leader capable de redresser la situation de l’Irak après des décennies d’instabilité. Sa gestion durant une période de relative stabilité a été un argument majeur de sa campagne.
Des défis majeurs pour le prochain gouvernement
Le prochain Premier ministre devra répondre aux attentes des Irakiens en matière d’emploi et d’amélioration des systèmes d’éducation et de santé dans un pays touché par la corruption. Les infrastructures défaillantes, la mauvaise gestion des services publics et les difficultés économiques restent les préoccupations principales de la population.
Le nouveau gouvernement devra également maintenir un équilibre délicat entre les alliés traditionnels de l’Irak : l’Iran et les États-Unis, deux puissances rivales qui exercent une influence considérable sur la politique irakienne.
Répartition des sièges et alliances politiques
Conformément au système politique irakien post-2003, les candidats chiites ont remporté des sièges dans les provinces à majorité chiite, les candidats sunnites dans les provinces sunnites, et les candidats kurdes dans les provinces kurdes.
Une surprise notable a été enregistrée dans la province de Ninive, à majorité arabe sunnite, où le Parti démocratique du Kurdistan a obtenu le plus grand nombre de sièges.
La formation du prochain gouvernement nécessitera des négociations intensives entre les principales forces politiques, avec la coalition chiite jouant un rôle déterminant dans la désignation du Premier ministre.
Les obstacles à la reconduction d’Al-Sudani
Bien que favori pour un second mandat, Al-Sudani fait face à plusieurs défis. Des accusations de pratiques illégales, notamment des écoutes téléphoniques d’opposants politiques et du népotisme dans les nominations gouvernementales, ont émergé durant son mandat.
L’ancien Premier ministre Nouri al-Maliki, figure influente au sein du Cadre de coordination chiite, pourrait s’opposer à un second mandat d’Al-Sudani, compliquant ainsi le processus de formation du gouvernement.
Les projets énergétiques en cours
Parallèlement aux défis politiques, l’Irak poursuit ses ambitieux projets de développement énergétique. Le pays avance dans plusieurs projets d’énergie solaire dans le cadre de son plan pour répondre à ses besoins croissants en électricité et diversifier ses sources d’énergie au-delà du pétrole.
Des accords ont été conclus avec des entreprises internationales, notamment américaines, pour l’approvisionnement en gaz naturel liquéfié, témoignant de la volonté du pays de moderniser son secteur énergétique.
Les revenus portuaires en hausse
Sur le plan économique, les revenus des ports irakiens ont dépassé 1 000 milliards de dinars irakiens en octobre 2025, reflétant une augmentation significative de l’activité commerciale du pays. Cette performance témoigne d’une reprise économique progressive malgré les défis structurels.
Réaction internationale
La France a salué les élections législatives organisées en Irak le 11 novembre, soulignant que le bon déroulement du scrutin est cohérent avec les progrès réalisés sur les plans politique et sécuritaire.
L’Union européenne a appelé les forces politiques à former un gouvernement représentant les aspirations du peuple irakien, insistant sur l’importance d’un processus inclusif et transparent.
Perspectives d’avenir
L’Irak se trouve à un carrefour décisif de son histoire moderne. Après deux décennies de guerres et d’instabilité depuis la chute de Saddam Hussein, le pays aspire à la stabilité et au développement économique.
Le succès du prochain gouvernement dépendra de sa capacité à répondre aux attentes légitimes de la population en matière de services publics, d’emploi et de lutte contre la corruption, tout en naviguant dans un environnement régional complexe.
Les prochaines semaines seront cruciales pour déterminer la composition du nouveau gouvernement et la direction que prendra l’Irak dans les années à venir.
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